Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/131

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Ildegonde en vain parle, égale en son amour,
Pour le fils que son flanc mit le dernier au jour.
La sensible princesse avec luy s’achemine
Vers le Sicambre Ausbert, regnant dans Agrippine,
Frere de Clodion, qui juste et genereux,
A son neveu fuyant preste un asyle heureux,
Et sur un fier refus de partager la terre,
Menace Meroüée, et luy porte la guerre.
Flambert du roy danois tire un second support ;
Et d’Alban roy germain, qui par un double accord
Luy joint Berthe sa fille, et par armes luy jure
De luy donner un trône, et vanger son injure.
De gendarmes soudain les champs furent couverts.
Cette guerre enflammée eut des succés divers.
Berthe en ces rudes temps me fit voir la lumiere ;
Et vingt lunes apres, en sa couche derniere,
Enfantant deux jumeaux, Ranchaire et Rignimer,
Flata son triste espoux dans un desastre amer.
Lors le grand Attila, dans l’ample Pannonie,
De peuples ramassant une tourbe infinie,
Comme un tigre douteux surquoy fondra sa dent,
Enfin se destinoit l’empire d’occident.
Ildegonde, à ce bruit, prudente et genereuse,
Le previent ; et baisant sa dextre valeureuse,
Emeut son cœur farouche ; et d’un ferme discours,
L’excite, et luy promet et passage et secours :