Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/138

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Puis vierge se détourne ; et dans les mers profondes
Va, sans perdre son nom, noyer ses pures ondes.
Le fidele Bisin accourt d’un pas hastif ;
Et le reçoit en roy, non pas en fugitif.
Une pompeuse entrée à l’instant s’appareille,
Dont la prompte surprise enrichit la merveille.
Au porche du palais la princesse l’attend,
Dont la suite superbe autour d’elle s’estend.
Mais sa rare beauté toutes beautez efface ;
Et son port fait paroistre une guerriere audace.
Le monarque frapé du surprenant éclat,
A ce charmant abbord livre un foible combat.
L’œil, la bouche, le teint, tout luy plaist, tout le brule :
Et son ardeur s’accroist plus il la dissimule.
Il perd le cœur, la voix, le repas, le repos.
La nuit tout luy revient, ses attraits, ses propos :
Et d’un nouveau soleil il revoid la lumiere,
Sans avoir peû fermer sa veillante paupiere.
Bisin croit son ennuy causé par son malheur ;
Et par divers plaisirs veut charmer sa douleur.
Desja les chiens, les cors, par le palais s’entendent :
Aux portes, les coureurs impatiens attendent,
Battent les durs pavez, en font sortir les feux :
Et remaschent l’argent de leurs mords écumeux.
La belle et noble reyne, en juppe retroussée,
Desja d’un saut leger à cheval s’est lancée,