Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/145

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Tout cede à ses efforts ; et ses vaillantes mains
Dépoüillent et saxons, et bretons, et romains.
Alors le grand Clovis naist de la noble reine :
Et remplit d’allegresse et la Loire et la Seine.
Elevé sous des soins tendres et genereux,
Il croist, beau, liberal, sage, adroit, valeureux.
A peine sur son chef avoient roulé trois lustres,
Quand finirent les ans de deux testes illustres,
D’Egide et du roy franc, tous deux princes puissans.
Clovis devient monarque en ses jours innocens :
Desja d’un cours trop lent void couler ses années :
Desja brule d’ouvrir ses hautes destinées.
Il dompte les coursiers, il exerce les francs,
Les forme en bataillons, serre ou double leurs rangs,
S’endurcit à la peine, au soleil, à l’orage ;
Et l’on void dans ses yeux reluire son courage.
Depuis son jour natal, il comptoit vingt moissons.
Il va chercher Siagre aux plaines de Soissons,
Le vaillant fils d’Egide ; et sensible il soupire
Qu’un romain, de son pere ayt occupé l’empire.
Il dénonce la guerre aux fieres legions.
Tous deux forts et vaillans, comme jeunes lions
Qui brulent de la soif d’ensanglanter la plaine,
Pour vaincre, n’ont soucy de hazard ny de peine.
Tous deux, en se trouvant par un commun desir,
Se sentent animez d’ardeur et de plaisir.