Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/160

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Fit naistre à Gondebaut pendant le sort contraire,
Viennent d’un pas soigneux au lever de leur pere.
Tous deux des bourguignons rendent les cœurs ravis.
Tous deux adroits et beaux, tous deux dé-ja suivis
De la noble jeunesse autour d’eux agissante,
Et qui cherche à l’envy la fortune naissante.
Sigismond, qu’un beau trait a percé dans le cœur,
Sent son mal qui destruit sa boüillante vigueur.
D’une ardente rougeur sa jouë est colorée,
Et fait voir que d’ennuys son ame est devorée.
Taciturne, inquiet, il resve incessamment ;
Et ne peut en un lieu s’arrester un moment.
Souvent il mord sa levre ; et monstre en sa souffrance,
Qu’il ronge un fier dépit, et qu’il perd l’esperance.
Gondomar d’un pied libre, et d’un plus libre cœur,
D’un agreable esprit, d’une charmante humeur,
Et marchant sans repos par sa troupe éventée,
S’emporte où le conduit sa jeunesse indomptée ;
Tel qu’un jeune belier, qui de fougue animé,
De cornes se sentant nouvellement armé,
Bondit, heurte, renverse ; et follement superbe
Met sa troupe en desordre, et domine sur l’herbe.
Gondebaut les appelle ; et d’un grave sourcy
Leur confie en secret son danger, son soucy ;
Et le pressant besoin d’unir à sa querelle
Des monarques voisins l’aide prompte et fidelle.