Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/163

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Long-temps la suit des yeux, long-temps par les soupirs,
Toûjours par la pensée, et par les vains desirs.
Alors les soins pressans de Lisois et d’Aurele,
Trouvent à leur dessein le bourguignon rebelle.
Dé-ja sa fourbe attaint le dixiesme soleil,
Quand ce prince rusé prend un nouveau conseil ;
Seme sa guerison ; veut que son fils envoye
Publier un tournoy, pour celebrer sa joye ;
Et que sous ce projet, les gendarmes épars,
Sans allarmer les francs, viennent de toutes parts.
Sigismond de son bras, à sa belle princesse
Pretend faire admirer et la force et l’addresse.
Mais le brave Lisois, dans les joustes appris,
Par fois le fait rougir, luy ravissant le prix.
Souvent le fort Aurele emporte l’avantage ;
Et souvent entr’eux deux la gloire se partage.
Le roy se feint alors sous son mal abbatu :
Mais Aurele à ce coup réveillant sa vertu,
Des inutiles jeux laisse les vains spectacles ;
Et des vœux de Clovis veut rompre les obstacles.
Il expose son ordre au confident Irier :
Puis d’un langage ferme, et succinct et guerrier ;
Ou response, dit-il ; ou la nouvelle aurore
A peine en ces climats pourra nous voir encore.
Irier espere en vain consumer les momens.
Un discours prompt et fier rompt tous amusemens.