Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/195

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Tu m’avois donc caché sous un front si pieux,
Sous un air si modeste, et sous de si doux yeux,
La plus indigne femme, et la plus déloyale,
Qui put jamais entrer en la couche royale ?
J’ay donc fié, credule, aux appas de ta voix,
Le salut de mon prince, et celuy des françois ?
De moy l’enfer triomphe ; et rit de tant de peines,
De tant de soins perdus, de tant de courses vaines.
Ah ! Honte ! Ah ! Desespoir ! ô ! Christ, ô ! Dieu vivant,
Tes saints m’ont-ils repeû d’un espoir decevant ?
Quoy ? Clotilde aux faux dieux immole des victimes ?
A quitté cent vertus, pour commettre cent crimes ?
Mon esprit doute encore, en ce trouble ennuyeux,
S’il se doit asseûrer sur la foy de mes yeux.
Il consulte Marcel, le prelat venerable,
Qui dans Paris offroit le mystere adorable,
En miracles celebre, et qui tousjours veillant,
Luisoit sur son troupeau, comme un astre brillant.
Sage guerrier, dit-il, voy ma sœur bien-aimée,
De la grace du ciel saintement animée.
Par elle finira ton tourment soucieux.
Par elle tu sçauras les grands secrets des cieux.
Marche : Dieu te conduit. Va franc d’inquietude :
Et pour oüyr sa voix, cherche la solitude.
Aurele, dont l’espoir allege ses soucis,
Avec le gré du roy s’en va vers le Plessis.