Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/197

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Mais soûmettant sa crainte au supréme pouvoir,
Il sent tousjours son mal plus grand que son espoir.
Pour combattre en son cœur ses peines douloureuses,
Il rappelle des saints les promesses heureuses,
Le celeste secours tant de fois éprouvé,
Et son pieux projet prés du port arrivé.
Hé quoy ! Le ciel, dit-il, par un soudain orage
A permis que l’enfer ayt destruit son ouvrage ?
Celle, dont la sagesse, avec des feux si saints,
Par l’ordre du ciel mesme appuyoit mes desseins,
Contre luy se revolte, et des marbres adore ?
Puis il veut que je vive, et que j’espere encore ?
Mais mon sens, ô seigneur, peut-estre se confond.
Ta sagesse est pour nous un abysme profond.
Lors d’un rayon d’espoir son ame est soulagée.
De veilles et d’ennuis sa paupiere chargée,
Se ferme au doux sommeil, dont le charme puissant
Donne à ses desespoirs un repos innocent :
Et les ruisseaux coulans de cent vives fontaines,
D’un bruit continuel ensorcellent ses peines.
D’un insensible cours le soleil s’avançant,
Acheve sa carriere, et dans les monts descend.
Dé-ja la voute brune est d’astres parsemée ;
Et d’un grand voile noir la terre est enfermée.
Dé-ja l’oyseau cresté, par la nature instruit,
D’un chant marque aux mortels la moitié de la nuit ;