Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/214

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O ! Rare, ô merveilleuse, ô ! Divine beauté :
Mais de honte tachée, et de legereté !
Memoire, à mon esprit cruelle autant que douce,
Helas ! En mesme temps je t’aime et te repousse.
Par ses divers pensers, par ses cruels ennuis,
Luy-mesme il se devore, et les jours et les nuits.
Un secret messager de l’auguste princesse,
Par un trouble nouveau réveille sa tristesse.
Il reçoit un écrit sur la cire tracé,
Qu’elle a le cœur surpris de son départ pressé :
Que Gondebaut armé vers Dijon l’a conduite :
Qu’il se vante par tout de l’avoir mis en fuite :
Qu’il tient, en l’amenant, ce qu’il avoit promis :
Mais qu’il la deffendra contre ses ennemis.
Qu’elle attend de sa foy le fruit de ses promesses ;
Qu’elle attend de son bras la fin de ses tristesses,
Depuis le jour cruel qu’un charme injurieux
Au sejour enchanté l’éloigna de ses yeux.
Qu’elle l’offre à son dieu, d’un cœur ferme et fidelle,
Au seul qu’il a juré d’adorer avec elle.
Clovis ne sçait s’il resve, ou s’il est éveillé.
Il relit tous les mots, d’un œil émerveillé.
Il cherche en son esprit les raisons les plus fortes.
Elle me veut, dit-il, troubler en mille sortes :
Ou veut nier, peut-estre, au reste des humains,
Qu’elle ait vescu long-temps dans mes heureuses mains.