Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/221

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O ! Daniel, dit-il, ô merveilleux stilite,
Tu ne fus point menteur. Quoy ? Dit le saint hermite,
As-tu veû Daniel, ce miracle vivant ?
Je l’ay veû, respond-il, aux terres du levant.
Pour rendre un jour mon prince à Jesus-Christ fidele,
Il me promet du ciel l’ayde continuelle.
Quel heur, dit le vieillard, d’aise serrant ses mains.
Ouy, j’ay veû, reprit-il, ce prodige des saints,
Qui suit de Simeon la constance incroyable,
Habitant apres luy la colomne effroyable,
Sans nul fidele appuy, sans nul toit deffenseur ;
D’un grand saint, fort disciple, et hardy successeur.
Qui vivant dans les airs, les soufre et les deffie ;
Aux attaques des temps ferme se sacrifie,
A la gresle, à la pluye, aux neiges, aux frimas,
Aux brulantes rigueurs des plus ardens climas.
Qui sans cesse à luy-mesme ose faire la guerre ;
Et brave, pour le ciel, l’air, les eaux, et la terre.
Je vis, dans un voyage heureux et malheureux,
De la foy de Jesus l’athlete valeureux.
Par luy je fus chrestien ; et c’est de sa main mesme
Que ma teste receût les ondes du baptesme.
C’est luy qui me promit, qu’en écoutant ses loix,
Par moy seroit chrestien tout l’empire gaulois.
Helas ! Dit le vieillard, versant de chaudes larmes,
Que cet heureux discours pour mon cœur a de charmes.