Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/238

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Mais ne prevenons point le celeste secours.
J’admire sa vertu : j’adore ses discours,
Sa constance invincible, et ses pudiques larmes.
Tout augmente l’amour que m’ont donné ses charmes.
Basilisque brulant, veut enfin l’émouvoir
Par la seule priere, et non par le pouvoir :
Me cajolle en secret : m’offre d’un cœur perfide,
De chasser de son lit sa chaste Zenonide ;
D’espouser Agilane ; avoüant que son sang,
Sa beauté, sa vertu, meritent bien ce rang.
Je partage, dit-il, si j’ay l’heur ou j’aspire,
Avec elle mon ame, avec toy mon empire.
Je luy promets mon ayde ; et loin de son dessein,
Je me sens plustost prest à luy percer le sein,
Qu’à porter un message outrageux à ma flame.
Je la tire à l’écart : je veux sonder son ame ;
Et d’une feinte voix, traistresse à mon ardeur,
Moy-mesme je l’exhorte à choisir la grandeur ;
A sortir des tourmens, des fers, de la mort mesme ;
A parer son beau front d’un si beau diadéme.
Dieu ! Qu’entens-je, dit-elle ? Où se cache ton cœur ?
Tu veux doncques pour luy te rendre mon vainqueur ?
Pour luy doncques des flots tu m’auras preservée ?
Des mores, des lions, ton bras m’aura sauvée ?
Et si mon sang versé n’étouffoit mon sauhait,
Pour payer tes faveurs, que n’aurois-je point fait ?