Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/261

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Qu’en vain s’enfle l’orgueil de son oncle endurcy,
Dont il va se vanger, et la vanger aussi.
Par un mot adjousté, Genevieve l’exhorte
Au zele, à la souffrance, à la constance forte ;
De Dieu luy promet l’ayde, et que dans peu de mois
Sa main doit soustenir le sceptre des françois.
Mais qu’une autre couronne, éclatante, eternelle,
Sur les astres l’attend, qui sera bien plus belle.
Cependant, par les soins du sensible Lisois,
Yoland se void saine, elle vest le harnois,
S’enfuit avec sa suite ; et de sens dépourveüe,
D’ennemy ny d’amant ne peut souffrir la veüe.
Confuse elle se cache aux bois les plus secrets,
Les soûpirs en la bouche, en l’ame les regrets.
Elle plaint de ses vœux la honteuse impuissance ;
Et sa foible valeur qui trompa sa vangeance.
Dans le forts de Senar, elle sent nuit et jour
Le cuisant feu de haine allumé par l’amour.
La soigneuse Chromis, et l’aimable Myrrhine,
Qui de ses maux cruels ignoroient l’origine,
Couroient apres ses pas, versant autant de pleurs
Que son front rougissant leur monstroit de douleurs.
Ainsi courut la reyne aux bocages de Crete,
Attainte d’une ardeur et honteuse et secrete.
Ses suivantes par tout accompagnoient ses pas.
Elles voyoient sa peine, et ne la sçavoient pas.