Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/285

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Pour y former l’amas, et la force indomptable,
Qui porte à la Bourgogne un assaut redoutable.
Comme de mainte source, et de mille ruisseaux,
Des Alpes épandans leurs tournoyantes eaux,
Le Lech, l’Iser, le Drave, et cent autres rivieres,
Se forment, et long-temps coulent seules et fieres ;
Puis fondent au Danube, et de communs efforts
Pesle-mesle avec luy ravagent ses deux bords ;
Avec orgueil et bruit semblent dompter la terre ;
Puis à la mer Euxine osent porter la guerre.
Ainsi du prince franc les gendarmes épars,
Pour former un seul camp, marchent de toutes parts.
Dans Vienne, aux autels, les meres en gemissent.
Dans Dijon plus prochain, tous les cœurs en fremissent.
Clovis void que tout vole où volent ses souhaits.
Aurele par ses soins l’allege d’un grand faix :
De puissans appareils fait l’apprest necessaire ;
Et compte tous les pas du perfide adversaire.
Clovis par son addresse, et son discours charmant,
Et par sa noble ardeur ses troupes animant ;
Marche de rang en rang, vole de place en place :
Où tombent ses regards, par tout respand l’audace.
Le soldat, dont le cœur d’impatience bat,
N’aspire en ses desirs qu’au grand jour du combat.
D’autre-part Sigismond, dont la flame irritée,
Par son employ guerrier est doucement flatée,