Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/290

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Le soldat est puny du moindre fait commis ;
Et garde sa fureur contre les ennemis.
Devant les pas du prince, et de sa fiere armée,
Marche avec la terreur sa haute renommée :
Et pour faire observer ses ordres redoutez,
La justice et la force arment ses deux costez.
Prés des bords du Suson, qui fougueux et terrible
Precipite ses flots dans l’Ousche plus paisible,
En un val qui du fleuve a le nom emprunté,
Le roy trouve un vieillard, celebre en sainteté,
Montan, jadis aveugle, à qui l’aide divine
Fit revoir la clarté, par le lait de Ciline,
Mere du grand Remy, pour luy rendre un doux prix
D’avoir prophetisé qu’elle auroit ce saint fils.
Il porte et fait voler une riche banniere,
Ou mille flames d’or répandent leur lumiere,
Eclatent sur la pourpre, et contentent les yeux,
Renvoyant les rayons du grand astre des cieux.
Haste toy, dit l’hermite, ô prince redoutable :
Haste toy pour sauver d’un sort épouvantable
Celle qui fit pour toy cet heureux estendart,
Que mes indignes mains t’apportent de sa part.
Le courrier qu’en secret t’envoya la princesse,
Fut surpris, au retour, d’une embusche traistresse :
Puis timide, et cedant aux tourmens rigoureux,
A découvert ta lettre, et tes soins amoureux.