Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/297

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D’autre-part Sigismond, que la fureur domine,
Fend les forts escadrons des guerriers d’Agrippine :
Par tout s’ouvre une voye ; et toûjours assaillant
Toûjours, d’un choix hardy, s’attaque au plus vaillant.
Il s’enfle du succés ; et son ardeur l’anime
Vers le roy Sigisbert, puissant et magnanime.
Son bras est secondé des plus fiers bourguignons.
Il les enflamme, il crie. à moy, mes compagnons.
Que j’ouvre avec le fer mes belles destinées.
Que je tranche aujourd’huy des testes couronnées.
Ses faits suivent sa voix. De quatre coups divers,
Il fait voir quatre corps estendus à l’envers ;
Et par le glaive enfin s’élargit le passage.
Sigisbert le reçoit d’un valeureux courage.
Ils s’attaquent soudain d’un transport furieux ;
Tous deux fiers de leur force, et de leurs grands ayeux.
Dé-ja le fil tranchant de leurs larges épées,
Fait tomber les morceaux de leurs armes coupées.
Sigisbert se découvre ; et son bras estendant,
A la cuisse est attaint d’un horrible fendant,
Dont ses nerfs sont coupez, et tout son corps chancelle.
Puis il est d’un estoc poussé hors de la selle.
Le prince Cloderic void son pere abbatu :
Accourt ; et sa vangeance irrite sa vertu.
Son cœur pieux l’arreste, et combat sa colere.
L’un le porte à sauver, l’autre à vanger son pere.