Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/325

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Tout y vit sous vos loix ; et Gondebaut vous donne,
Des lieux de ses estats, tout ce qu’il m’abandonne.
Je cheris le malheur, la honte, et le mespris,
S’il falloit pour vos jours donner un si grand prix.
Et si plus que l’honneur rien nous est cher encore,
Je voudrois l’immoler pour celle que j’adore.
Mais l’heur dont la fortune a voulu me flater,
Estoit pour vous servir, non pour vous meriter.
Il vous faut un amant tout rayonnant de gloire.
Avant que de vous vaincre, il faut une victoire.
Je ne demande rien : je sçay que dans ce jour
Rien n’est heureux pour moy, la guerre ny l’amour.
C’est assez de bonheur de vous avoir servie ;
Et d’avoir des bourreaux garenty vostre vie.
Mais demain je pretens contenter vostre cœur.
Vous aurez vos souhaits, pour espoux, un vainqueur.
A ces mots il la laisse : à d’autres soins il passe,
Sans vouloir esperer, ny response, ny grace.
Il va de la cité visiter le pourpris ;
Et de son triste sort ramasser le débris.
Des ombres de la nuit les voiles favorables
Par tout rendent les murs aux fuyards secourables.
Cependant les demons, des tenebres amis,
Voyant que nul complot ne leur est plus permis,
Tandis que le soleil éclairera leurs charmes,
Qui craignent l’oriflame, et les celestes armes,