Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/335

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La foule, d’œil avide, et d’une ardeur pressante,
D’un curieux desir, et de peur fremissante,
S’assemble au grand spectacle, et d’un viste concours
Dé-ja borde les murs, les portes, et les tours ;
Couvre les hauts palais, et les temples sublimes :
Comme on void les corbeaux d’un pin couvrir les cimes.
Dé-ja de deux costez sont placez sous un mont
Les guerriers de Clovis, et ceux de Sigismond,
Formans un demy cercle autour de la princesse.
Les amans qui tous deux éclatent en adresse,
En armes, en valeur, en desir furieux
De faire voir bien-tost leur fer victorieux,
Veulent qu’à leur grand prix leur courage réponde,
Animez des regards des plus beaux yeux du monde.
De son casque, à l’abord, Clovis respectueux
Se dégage, et fait voir son chef majestueux,
A longs cheveux bouclez flotans sur ses épaules,
Si digne de porter la couronne des Gaules :
Et sa veüe et son cœur sur Clotilde elançant,
Luy presente ses vœux sur l’arçon se baissant.
Sigismond fait le mesme ; et la belle princesse
Les regardant tous deux, d’un œil plein de sagesse,
Vers tous les deux s’incline, et redouble à Clovis
Un salut humble et doux, qui rend ses sens ravis.
Alors des deux costez la trompette resonne.
Des spectateurs émeûs tout le corps en frissonne.