Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/380

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Luy mesme en lieux divers il divise les siens :
Et le reste bien-tost sera dans mes liens.
Sur luy je feray fondre une telle tempeste,
Que rien de mon pouvoir ne sauvera sa teste,
Quand dépourveû de tout, de cent peuples surpris,
Il verra si mon cœur sceût punir ses mespris.
Il veut en mesme temps que la belle Myrrhine,
Instruite des leçons de sa noire doctrine,
Attire dans son piege Arderic et Lisois.
Elle court, et les trouve égarez dans le bois.
Magnanimes guerriers, dit-elle toute en larmes,
Si jamais la pitié regna parmy les armes,
Secourez de vos soins la princesse Yoland.
Du desir de la voir Lisois dé-ja brulant,
Sent son cœur s’émouvoir, et veut qu’elle l’addresse
En quelque lieu du monde où souffre sa princesse.
Myrrhine les conduit dans la sombre épaisseur,
Où paroist à leurs yeux Yoland et sa sœur,
Pleines de leur sang propre, et sur l’herbe couchées.
Des genereux guerriers les ames sont touchées
Du surprenant spectacle et doux et douloureux.
Que je suis, dit Lisois, heureux et malheureux !
O ! Veuë aimable et triste ! ô sensibles blessures !
Que ne m’est-il permis de vanger vos injures ?
Lisois, dit Yoland, cesse de t’affliger.
Le sang est arresté : le mal est sans danger.