Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/435

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Puis une voix me dit : je t’ayme et te soustiens.
Car jamais mon secours n’abandonne les miens.
Une clarté s’épand : la clarté fut suivie
Du grand saint qui tousjours prit le soin de ma vie.
Mais il n’avoit jamais donné l’heur à mes yeux
De contempler l’éclat de son corps glorieux.
Je le vis donc alors, ce grand areopage,
D’un œil estincellant, d’un auguste visage,
Couvert d’un long habit, de lin blanc et frisé ;
Et d’une estole blanche ayant le corps croisé.
Le ciel, dit-il, ma fille, à ton ayde m’envoye ;
Et dans cet antre obscur, veut te combler de joye.
Bien-tost dans ce climat tu reverras Clovis.
C’est icy qu’il suivra ton salutaire advis.
J’auray soin de nourrir et ton corps et ton ame.
Eleve à Dieu ton cœur, par une ardente flame.
Laisse de ton esprit les efforts impuissans.
Monte, par la foy seule, au dessus de tes sens.
Dédaigne les prisons, ton corps, ton penser mesme,
Pour t’unir à l’essence ineffable et supreme.
Mais je dirois en vain les secrets qu’il m’apprit,
Pour mépriser le corps, et vivre par l’esprit :
Puisque ceux d’où l’erreur à peine se separe,
Ne sçauroient concevoir cette doctrine rare.
Enfin dans ces clartez, et ces ravissemens,
Les jours ne m’ont semblé que de legers momens.