Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/439

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Et brulant de desirs, il pense incessamment
Au heraut d’Alaric qui receut son serment.
Jusqu’au jour du combat, il n’en peut rien pretendre.
L’amour demande un bien ; l’honneur vient le deffendre.
Avant que de son cœur le feu soit soulagé,
Son esprit de deux nœuds doit estre dégagé,
Et du combat promis, et du vœu du baptesme :
Mais son premier devoir s’attache au dieu supreme.
Cependant Yoland, dans ce honteux malheur,
Pressant plus son cheval de rage que de peur,
Aux vallons de la Vauge arrive avec Myrrhine.
Son invincible orgueil contre les maux s’obstine :
Et son ame enflammée, au deffaut de son fer,
Pretend contre Clovis animer tout l’enfer.
Elle monte à pas lents ces croupes si fecondes
En chesnes verdoyans, en murmurantes ondes.
Elle entend des bruits sourds, et des gemissemens :
Puis des cris plus aigus, et de longs heurlemens.
La cime qu’elle attaint paroist toute enfermée
Dans le nuage obscur d’une épaisse fumée,
D’où sortent mille éclairs, rouges, estincellans ;
Et des dragons ailez, aux corps noirs et brulans,
Qui par leurs siflemens, et par leur fuite prompte,
Monstrent qu’un puissant bras les combat et les dompte.
Malgré son grand courage, elle en fremit d’horreur :
Et cet affreux spectacle allentit sa fureur.