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Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/457

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Et desja le clergé, sortant de ses murailles,
Vient en corps honorer ces saintes funerailles.
Toul, où marche la pompe, est le lieu bien-heureux,
Destiné pour repos aux martyrs amoureux.
Et le convoy touchoit les bords de la Moselle,
Alors qu’il fut troublé d’une illustre querelle.
Dés long-temps, Arismond, constant et genereux,
Conservoit Agilane en son cœur amoureux.
Quelle est, dit-il au duc, cette Agilane aimable,
Dont l’ame en la prison te fut si secourable ?
Par des propos succincts, libres, et découverts,
Aurele luy redit ses voyages divers ;
La fureur de Ramir, cruelle et pitoyable ;
De sa charmante sœur le deüil inconsolable ;
Leur naufrage, leur crainte aux getuliques bords ;
Et leur captivité, pire que mille morts :
Leur amitié cachée ; et du rivage more,
Leur passage soudain aux rives du Bosphore :
L’amour de l’empereur ; ses ardentes fureurs :
Le mutuel aveu du secret de leurs cœurs :
La fiévre d’Agilane, et le saint secourable :
Enfin leur mariage, et sa mort deplorable.
Du sueve, à ces discours, les changeantes couleurs,
Font voir au sage duc de secretes douleurs.
Prince, dit-il, tu sens quelque mal qui te trouble :
Qui te prend, puis te laisse, et soudain se redouble.