Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/469

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Agilane qui vit : mais de mon bien jalouse ;
Et qui voudroit d’un autre estre l’injuste épouse.
Mais quel est cet amant ? L’horreur m’en fait fremir.
Mais quel est cet amant ? Le meurtrier de Ramir.
Elle a peû donc toucher, de la mort occupée,
La main qui de son sang encore estoit trempée.
Oüy, la mort, Agilane, occupoit tous vos sens.
La mort qui fit le mal, l’excuse en mesme temps.
Vostre ame estoit troublée en son soupir extreme.
Le ciel vous rend la vie, et vous rend à vous mesme.
Vostre ame, par un saint, a cessé de dormir.
Voyez qui de nous deux est meurtrier de Ramir.
Non, vostre ame n’est plus par le trouble asservie.
Voyez qui de nous deux luy redonna la vie.
Et si, pour mieux juger, vostre sens s’affermit,
Songez à qui des deux un père vous promit :
Et jugez qui des deux il choisiroit pour gendre,
Ou qui sauva son sang, ou qui l’osa répandre.
Mais l’ame de Ramir, par le vouloir de Dieu,
Pour ouïr vostre arrest, est presente en ce lieu :
Pour ouïr si sa sœur, à l’amour asservie,
Choisira pour époux l’assassin de sa vie :
Et pour voir, quand sa voix reglera nostre sort,
Ce qu’elle aimoit le mieux, ou sa vie, ou sa mort.
A ces mots il finit : et tousjours il addresse
Ses regards et ses vœux à sa belle princesse.