Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/471

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Qu’à son juste mépris nul de nous ne s’expose.
Car tous deux en ce point nous perdrions nostre cause.
A l’amant le plus humble est deû le plus grand bien.
Il merite, en disant qu’il ne merite rien.
Venons à ce forfait, dont mon ame est si noire.
J’en passe le recit : vous en sçavez l’histoire.
J’abandonne ma vie, épargnant un enfant.
J’admire la beauté qui l’aime et le deffend.
Pouvois-je imaginer cette fureur extreme ?
Qui doit-on de sa mort accuser que luy-mesme ?
Arismond luy causa ce malheureux transport.
En luy donnant la vie, il luy donna la mort.
Si mes yeux furent pris ; et si je fus coupable
Contemplant de sa sœur le visage adorable,
Tu devrois, Arismond, de ce cruel malheur
Accuser plus que moy la beauté de sa sœur.
Dire mes faits suivans, je ne puis, je ne l’ose.
Celle qui fit mon heur, en diroit mieux la cause.
Pour de legers devoirs, ce fut un trop grand bien.
Je dis encore un coup, je ne meritois rien.
Par le trouble du moins je n’eûs pas cette palme.
Nul trouble ne parut dans une mort si calme.
Nous eusmes pour contract, quand ce nœu fut estraint,
La presence, l’aveu, le conseil d’un grand saint.
Celuy dont je la tiens, me l’a ressuscitée :
Mais non pas à dessein qu’elle me fut ostée.