Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/473

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L’un est sueve, ennemy pour jamais du vandale :
L’autre un franc, que nul homme en sagesse n’égale,
Qui cent fois me sauva de terribles dangers,
Des goufres de la mer, d’horribles estrangers,
D’un lion effroyable, et d’un tyran infame,
Dont sa vertu long-temps borna l’impure flame.
Sans qui, j’aurois suivy Ramir parmy les morts.
Sans qui, le creux abysme eut englouty nos corps.
Ramir fut par son aide inhumé sous la terre.
Tu veux que son esprit luy fasse icy la guerre.
Ah ! S’il pouvoit parler, ma sœur, diroit sa voix,
Choisy qui m’a donné ce que je demandois.
Mon esprit, par luy seul, ne sent plus nulle injure :
Et mon corps eut par luy l’heur de la sepulture.
J’ay peû donc épouser (je le dis sans fremir)
J’ay peû donc épouser ce meurtrier de Ramir ;
Celuy qui me sauva sur le rivage More ;
Et celuy que Ramir sous la terre aime encore.
Et quand je serois libre à faire un second choix,
Je choisirois Aurele une seconde fois.
Je pouvois d’un seul mot finir cette querelle :
Mais pour purger l’honneur d’Agilane et d’Aurele,
Devant le grand Clovis, j’ay voulu faire voir,
Que tout ce que j’ay fait, je l’ay fait par devoir.
Apprenez que mon cœur n’a plus de choix à faire.
Apres la foy donnée, en vain l’on delibere.