Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/491

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Les princes desormais sont sous ton joug puissant.
C’est mon sang le plus pur, et le plus innocent.
Qu’ils puissent en repos vivre sous ton empire.
Je dois à Sigismond cet air que je respire.
Sans luy, par la rigueur d’un arrest inhumain,
D’un infame bourreau j’eusse senty la main.
L’autre est un prince aimable : et ses douces addresses
M’ont cent fois consolée en mes longues tristesses.
Ta gloire est toute pure : ah ! Ne la soüille pas.
La vangeance est cruelle au delà du trépas.
Ma maison reste en eux : quoy ? Voudrois-tu l’abbattre ?
Ce n’est plus me vanger : c’est plustost me combattre.
Ses yeux en mesme temps firent couler des pleurs,
Qui dirent mieux encor sa crainte et ses douleurs.
Son beau sein fut trempé de ces perles liquides.
Les yeux mesmes du prince en parurent humides.
Ma reine, répond-il, cesse de t’affliger.
Ma guerre, tu le sçais, n’est que pour te vanger.
Si le sang du tyran suffit à ton courage,
Pour tout le sang des tiens que répandit sa rage,
Mon cœur se veut regler selon ton sentiment.
Puisque je suis chrestien, puisque je suis amant,
Je dois en toute chose aimer et reconnoistre
La loy de ma maistresse, et celle de mon maistre.
Aux deux princes je laisse et la vie et le bien :
Mais je dois par le droit te reserver le tien.