Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/510

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J’abandonne Alaric ; et dédaigne pour frere
Celuy qui ne croit pas le fils égal au pere.
J’aspirois à mourir dans cette pure foy :
Mais si je dois ma vie aux bontez d’un grand roy,
Je dois à ses desirs en faire un sacrifice.
Lisois, reçoy ma main, plus digne d’un suplice,
Que de toucher la tienne, en recevant ton cœur.
Mais le roy, d’un grand crime, a fait un grand bon-heur.
Et je sçay que telle est la royale clemence,
Qu’elle lave un coupable, et luy rend l’innocence.
Lisois, pour un moment, s’arreste à balancer
Auquel, pour rendre grace, il se doit addresser.
Aux pieds de son monarque humblement il s’abbaisse :
Puis il baise la main de sa belle princesse.
Severin pleure d’aise. On le void s’avancer :
Et plein d’un tendre zele il la vient embrasser.
Ma fille, luy dit-il, combien dois-tu d’offrandes
A Dieu qui fait en toy des merveilles si grandes ?
Combien fut different l’estat ou je te vis,
Lors que tu dédaignas mes utiles advis ?
Du ciel mesme j’appris que tu fus baptisée.
L’Espagne aussi le sçait : la preuve en est aisée.
Deteste la magie, et l’honneur des faux dieux.
Trouve, pour t’en laver, deux sources en tes yeux.
Sçache que rien n’est doux comme le dieu suprême :
Et que la penitence est un second baptesme.