Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/518

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Malgré le cours des ans, toûjours inépuisable,
Toûjours aux affligez ouvert et secourable.
Que la grace divine à des ressorts puissans,
Et sçait bien dédaigner le commerce des sens !
Qu’elle fait bien sentir ses paroles muettes,
Ses abbords délicats, et ses routes secrettes !
Le prince void en songe, avant l’aube du jour,
Le vaillant Genobalde arrivé dans sa cour,
Qui ne veut, pour le prix de sa grande conqueste,
Sinon que de son fils le roy touche la teste.
Il l’accorde, il le touche ; et d’un effet soudain,
Le mal cede au pouvoir de la royale main.
Son esprit est frapé de la prompte merveille :
Et ce vif sentiment à l’instant le réveille.
Il en gouste long-temps le plaisir en son cœur :
Mais son ame modeste en refuse l’honneur.
Le pontife qui sçait ce que le ciel prepare,
Vient au lever du roy, qui soudain luy declare
La douce illusion de ce songe flateur.
Tu crois, dit le prelat, que ce songe est menteur ?
Sçache qu’il t’a fait voir l’image d’un mystere.
Dieu veut que de nos rois la main soit salutaire :
Et sa grace à ta foy va donner ce grand prix.
Prince heureux, fay venir et Batilde et son fils.
La mere promptement sur cet ordre l’ameine,
Se promettant du ciel un remede à sa peine.