Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/53

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Clovis, de nos autels la derniere esperance,
En secret a laissé l’air natal de sa France ;
N’ayant pour confidens de son traistre dessein,
Qu’un Aurele, et l’amour qu’il porte dans le sein.
Il tient en son pouvoir sa Princesse enlevée,
La Chrestienne beauté prés du Rhône elevée,
Qui craignant Gondebaut, de son sang le meurtrier,
A commis sa fortune à ce fameux Guerrier.
Il passe en ces vallons, glorieux de sa prise.
Mais qu’il perde par toy celle qu’il a conquise.
Use de ton sçavoir ; & sourd à la pitié,
Arreste leur voyage, & romps leur amitié.
Enflamme à son amour ces deux jeunes princesses
Que mon choix dés long-temps luy voüa pour maistresses ;
Et que l’une des deux, par sa douce fierté,
Du sensible guerrier dompte la liberté.
Sous mes soins, respond-il, elles sont élevées.
Car dans mon souvenir tes loix sont bien gravées.
Et j’ay sceû joindre encore à leurs divins attraits,
Les graces du discours, les magiques secrets,
L’adresse & la vigueur, à la chasse, à la guerre,
Pour triompher des cœurs les plus grands de la Terre.
Sçache que pour troubler ces illustres Passans,
Leurs charmes & les miens seront assez puissans.
Le Demon, luy souflant l’audace et le mensonge,
L’anime, et plein d’espoir aux Enfers se replonge.