Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/534

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

A leurs guides experts demandent le passage.
Dans les flots le gendarme impatient s’engage :
Et fait pour s’avancer un temeraire effort ;
Puis sortant du peril, retourne vers le bord.
Nul gué n’est reconnu dans ces vagues profondes :
Et le fleuve est enflé des pluvieuses ondes.
Tout le jour se consume en essays superflus.
Tous abandonnent l’eau : nul ne la sonde plus.
Clovis avec le duc se renferme en sa tente,
Dans un trouble confus ayant l’ame flotante.
Tous deux perdant l’espoir, ils consultent Maxent,
Qui promet à leurs vœux l’ayde du tout-puissant.
Et tandis que la nuit fait sa noire carriere,
Ils s’addressent à Dieu par une humble priere.
Le roy, de son sommeil réveillé par trois fois,
Par trois fois se presente à ce maistre des rois.
Puis il void tout à coup, en ouvrant la paupiere,
Un celeste guerrier, éclatant de lumiere,
D’un brillant casque d’or orné superbement,
Armé d’un corcelet, fait d’un pur diamant,
Et qui rompt par ces mots le nocturne silence.
Clovis, je suis, dit-il, l’archange de la France.
Je viens chasser l’ennuy qui trouble ton penser.
Dieu t’apprendra demain où ton camp doit passer.
Comme en un soir obscur, quand mille épaisses nuës
Traisnent parmy les airs leurs flotes continuës,