Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/542

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Mais il se sent émeû par un trouble plus fort,
Voyant les escadrons dé-ja sur l’autre bord.
Sa retraitte est honteuse, et n’est plus salutaire.
Aussi-tost réveillant son ardeur temeraire,
Il reprend du combat le glorieux desir :
Et sensible à l’honneur, entend avec plaisir
Les murmures hardis des vaillans capitaines
Sous qui marchent à part les troupes aquitaines.
Quoy ? Fuirons nous encor, dit Gaston en courroux ?
Alaric, de sa gloire autrefois si jaloux,
Peut voir que les françois domptent tout pour le suivre ;
Et veut à son honneur indignement survivre ?
Luy qui nous a vaincus, peut craindre des vainqueurs ?
O ! Valeureux gaulois, quelle honte à nos cœurs ?
Le fleuve, en nous couvrant de l’armée ennemie,
D’Alaric, pour un temps, a couvert l’infamie.
Pense-t’il vers l’Auvergne avancer un seul pas,
Sans repousser les francs, par autant de combas ?
Et mesme voudroit-il devoir son avantage
Aux ramparts des rochers, plustost qu’à son courage ?
Alaric entendant ces genereux propos,
Les aime, et les répand par les troupes des goths :
A ses plus sages chefs il impose silence :
Enfin à son vouloir fait ceder leur prudence.
Il met tout en bataille : et rasseurant les cœurs,
Par la honte et l’espoir réveille leurs langueurs.