Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/550

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Yoland le reçoit. Albione, à ces cris,
Redonne un peu de vie à ses mourans esprits.
Yoland tient ce fils ; et dans sa peine amere,
Tasche à donner le ciel à l’ame de la mere :
Luy dit qu’elle est chrestienne, épouse de Lisois :
L’exhorte d’embrasser le dieu mort sur la croix ;
Qui sauvant cet enfant, malgré sa fureur mesme,
Veut la sauver aussi, puisqu’elle eût le baptesme ;
Dont il luy rend la grace, et l’estat innocent,
En dépit de l’enfer, qui la prit en naissant.
Maxent arrive encor, dont la sainte parole
Luy parle du vray dieu, dans son sort la console,
Et luy fait de l’enfer detester les leçons.
Cependant de la mort elle sent les glaçons.
Elle embrasse la croix : trois fois elle soupire :
Elle l’embrasse encore, et doucement expire.
Yoland fond en pleurs : et pres de ces deux corps,
Chacun se sent émeû de differens transports.
L’un s’émeût de pitié : l’autre a l’ame ravie
De voir ce noble enfant, qui s’est donné la vie.
Clovis, dont la bataille attache les esprits,
Aux doux soins d’Yoland recommande son fils,
Qui doit luy tenir lieu d’un enfant legitime,
Puisque sous une feinte il luy nasquit sans crime.
Il dit, voyant desja cent drapeaux emportez,
Une victoire ! Un fils ! Que d’heur de tous costez !