Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/552

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Contre le triste sort qui l’appelle au trépas,
Il invoque le ciel, qui ne l’écoute pas.
Des goths les plus hardis il ramasse le reste,
Pour rendre à son vainqueur la victoire funeste.
Clovis le void enfin de ses chefs separé,
Remarquant la couronne en son timbre doré.
Alaric, luy dit-il, viens combler ma victoire.
Tu ne peux esperer qu’une derniere gloire,
Dont tu pourras là-bas faire encore le vain.
Tu n’attens que l’honneur de mourir de ma main.
De loin, par un deffy, ton orgueil me menace :
Puis tu vas dans les monts démentir ton audace.
Clotilde est en mes mains, et la victoire encor.
Mais bien que possesseur de ce double tresor,
Je remets au hazard l’un et l’autre avantage :
Et nostre valeur seule en fera le partage.
Voy mesme quel honneur, que pour tes spectateurs
Tu n’auras presqu’icy que tes propres vainqueurs.
Et dans ton desespoir, je te rends l’esperance
De pouvoir en moy seul vaincre toute la France.
Clovis, répond le goth, tu flates mon malheur,
En remettant Clotilde à la seule valeur.
La gloire du vainqueur ne seroit pas parfaite,
S’il voyoit son rival survivre à sa deffaite.
Il faut, par le combat, la perdre ou l’acquerir.
Il faut vaincre et l’avoir, ou la perdre et mourir.