Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/557

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Comme un chesne sappé dans la sombre Erymante,
Fait voir aux bucherons sa cime chancellante ;
Et long-temps s’ébranlant avant que succomber,
Fait douter où le sort veut le faire tomber :
Mesme dans sa ruine est encore superbe,
Abbatant sous son poids un grand sapin sur l’herbe :
Et semble triompher, couvrant de rameaux vers
L’arbre que dans sa cheûte il a mis à l’envers.
Ainsi du roy des francs la force imperieuse,
De la force du goth se void victorieuse.
Il le serre, il l’opprime et des bras et du corps.
L’ennemy fait sous luy d’inutiles efforts.
Puis d’un cœur genereux, tout à coup il se leve :
Et veut que le combat plus noblement s’acheve.
Chacun se ranimant et d’espoir et de cœur,
Se hausse, et d’un seul coup pretend estre vainqueur.
Au ciel en ce moment Clovis leve la teste ;
Et fait à Jesus-Christ cette juste requeste.
Seigneur, guide ce fer sur le chef arien,
Pour l’honneur de ton nom, plustost que pour le mien.
Soudain d’un grand éclair la terre s’illumine.
Clovis sent le presage, et la force divine.
Sur la teste du goth porte le coup fatal ;
Et l’entame en tranchant le solide metal.
Alors ses deux guerriers, par un brutal courage,
Au mépris de la mort joignant leur forte rage,