Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/70

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Le roy, forçant son mal, feint une ame rassise ;
Accepte les presens ; les gouste avec franchise :
Mais son pressant ennuy, qui ne peut s’alleger,
L’estouffe, le saisit, et s’oppose au manger.
C’est assez toutefois que leur levre les touche.
Le nouveau charme esteint le charme de leur bouche.
Il veut revoir sa reyne ; et troublé de soucy,
Il ne peut la laisser, ny la chercher aussi.
Son esprit balancé ne sçait ce qu’il doit faire.
Il craint, en la suivant, d’accroistre sa colere.
Il tire à part Aurele ; et veut qu’adroit et doux
Il sçache d’elle, au moins, d’où luy naist son courroux
Contre un roy dont le ciel sçait la pure innocence ;
Qui d’elle peut souffrir tout mespris, toute offense.
L’enchanteur void sa peine ; et feignant d’ignorer
L’injurieux tourment qu’il luy fait endurer,
Laissons la s’égarer, dit-il, dans ces prairies,
Où les eaux et les fleurs flatent ses réveries.
Pour jamais l’un de l’autre il veut les écarter :
Et par divers objets il pretend l’arrester ;
Déployer à ses yeux sa superbe opulence ;
Et luy faire admirer l’éclat de sa puissance.
Ils retournent sous l’arc d’une porte à deux pans :
Puis d’un degré de jaspe ils montent les rampans.
L’œil passe en un moment par vingt portes dorées.
De mille vases d’or les chambres sont parées,
De