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Cours d’Archéologie

ils ne se détachent pas ; ils perdent la variété et la diversité de leurs éléments ; les angles ne s’aperçoivent pas ; les tours, les coupoles et les colonnes se modèlent à peine, et à cause de la violence des reflets, tout paraît plat et uniforme. Mais les tons variés que la polychromie permet de donner aux édifices aident à les distinguer des terrains et à montrer la différence des plans. Ils montrent les lignes dominantes ; ils avivent les arêtes et ils font saillir les reliefs et les divers ornements.

En ces pays lumineux, la polychromie est un secours pour les yeux et elle donne une perception plus nette de ce qu’on peut appeler les articulations de ces grands corps de pierre.

L’Égypte a donc le mérite d’avoir deviné la première l’obligation qu’une vive lumière impose à l’architecte, de donner, au moyen de la couleur, plus de tenue et d’accent aux lignes de l’édifice. Elle a bien compris le parti qu’elle pouvait tirer de la clarté et de la différence des tons pour distinguer les uns des autres les différents membres de la construction et pouvoir défendre le contour contre l’éblouissement en plein soleil. Elle a reconnu l’utilité du repos et la nécessité des contrastes. (Voir M. Hittorf.)

Après ces considérations sur le dessin des édifices et sur leur coloration, il nous reste à donner quelques détails sur la découverte merveilleuse que Champollion a faite du sens de toutes ces décorations.