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Page:Desmoulins, Camille - Le Vieux cordelier (n°3).pdf/10

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son ami, de son parent, si l’on ne vouloit s’exposer à périr soi-même. Sous Néron, plusieurs dont il avoit fait mourir les proches, alloient en rendre graces aux Dieux, et illuminoient. Du moins il falloit avoir un air de contentement, un air ouvert et calme. On avoit peur que la peur même ne rendît coupable.

« Tout donnoit de l’ombrage au tyran. Un citoyen avoit-il de la popularité ? c’étoit un rival du prince, qui pouvoit susciter une guerre civile. Studia civium in se verteret et si multi idem audeant bellum esse. Suspect.

« Fuyoit-on au contraire la popularité, et se tenoit-on au coin de son feu ? cette vie retirée vous avoit fait remarquer, vous avoit donné de la considération. Quantò metu occultier tanto plus famæ adeptus. Suspect.

« Étiez-vous riche ? il y avoit un péril imminent que le peuple ne fût corrompu par vos largesses. Auri vim atque opes Plauti principi infensas. Suspect.

« Étiez-vous pauvre ? Comment donc ? invincible empereur, il faut surveiller de plus près cet homme. Il n’y a personne d’entreprenant comme celui qui n’a rien. Syllam inopem, unde præcipuam audaciam. Suspect.

« Étiez-vous d’un caractère sombre, mélan-