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Page:Desmoulins, Camille - Le Vieux cordelier (n°3).pdf/18

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vérité. Quoique Pitt sentant cette nécessité où nous étions réduits, de ne pouvoir vaincre sans une grande effusion de sang, ait changé tout-à-coup de batteries, et profitant habilement de notre situation, ait fait tous ses efforts pour donner à notre liberté l’attitude de la tyrannie, et tourner ainsi contre nous la raison et l’humanité du dix-huitième siècle, c’est-à-dire, les armes même avec lesquelles nous avions vaincu le despotisme ; quoique Pitt, depuis la grande victoire de la Montagne, le 20 janvier, se sentant trop foible pour empêcher la liberté de s’établir en France, en la combattant de front, ait compris que le seul moyen de la diffamer et de la détruire, étoit d’en prendre lui-même le costume et le langage ; quoiqu’en conséquence de ce plan, il ait été donné à tous ses agens, à tous les aristocrates, l’intruction secrète de s’affubler d’un bonnet rouge, de changer la culotte étroite contre le pantalon, et de se faire des patriotes énergumènes ; quoique le patriote Pitt, devenu Jacobin, dans son ordre à l’armée invisible qu’il solde parmi nous, l’ait conjurée de demander, comme le marquis de Montaut, cinq cents têtes dans la Convention, et que l’armée du Rhin fusillât la garnison de Mayence ; de demander, comme une certaine pétition, qu’on fit tomber 900 mille têtes ; comme un certain