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Page:Desmoulins, Camille - Le Vieux cordelier (n°3).pdf/22

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éminente, souffrent à peine qu’on leur parle ; montagnards d’industrie, comme les appelle si bien d’Églantines, tout au moins montagnards de recrues, de la troisième ou quatrième requisition, dont la morgue ose traiter de mauvais citoyens, des vétérans blanchis dans les armées de la République, s’ils ne fléchissent pas le genou devant leur opinion et dont l’ignorance patriote nous fait encore plus de mal que l’habileté contre-révolutionnaire des Lafayette et des Dumouriez. Voilà les trois écueils dont les Jacobins éclairés voient que leur route est semée sans interruption : mais ceux qui ont posé la première pierre de la République doivent être déterminés à élever jusqu’au faîte ce nouveau capitole, ou à s’ensevelir sous ses fondemens.

Pour moi, j’ai repris tout mon courage ; et tant que j’aurai vécu, je n’aurai pas laissé déshonorer mon écritoire véridique et républicain. Aprés ce numéro 3 du vieux Cordelier, que Pitt vienne dire maintenant que je n’ai pas la liberté d’exprimer mon opinion autant que le Morning Chronicle ! Qu’il vienne dire que la liberté de la presse n’existe plus en France, même pour les députés à la Convention, après la lettre pleine d’affreuses vérités que vient de publier le courageux Philippeaux, quoiqu’on puisse lui reprocher d’y avoir trop méconnu les grands services du comité de salut public. Depuis que j’ai lu cet écrit véritablement sauveur, je dis à tous les patriotes que je rencontre : Avez-vous lu Philippeaux ? Et je le dis avec autant d’enthousiasme, que Lafontaine demandoit : Avez-vous lu Baruch ?