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Et à quel autre signe veut-on que je reconnoisse cette liberté divine ? Cette liberté, ne seroit-ce qu’un vain nom ? n’est-ce qu’une actrice de l’Opéra, la Candeille ou la Maillard, promenées avec un bonnet rouge, ou bien cette statue de 46 pieds de haut que propose David ? Si par la liberté, vous n’entendez pas, comme moi, les principes, mais seulement un morceau de pierre, il n’y eut jamais idolâtrie plus stupide et si coûteuse que la nôtre.

Ô ! mes chers concitoyens, serions-nous donc avilis à ce point, que de nous prosterner devant de telles divinités ? Non, la liberté, cette liberté descendue du ciel, ce n’est point une nymphe de l’Opéra, ce n’est point un bonnet rouge, une chemise sale ou des haillons. La liberté, c’est le bonheur, c’est la raison, c’est l’égalité, c’est la justice, c’est la déclaration des droits, c’est votre sublime constitution ! Voulez-vous que je la reconnoisse, que je tombe à ses pieds, que je verse tout mon sang pour elle ? ouvrez les prisons[1] à ces deux cents mille citoyens que

  1. Que messieurs les modérés ne se fassent pas une autorité de ce passage ; qu’ils n’isolent pas cette ligne du reste du numéro quatre ; car c’est de l’ensemble que se compose mon opinion. Je