Page:Desmoulins - Satyres, 1789.djvu/18

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CAGLIOSTRO.


Mais toi, de la nature, ô fils infortuné,
Qui t’a mis sous le glaive au crime destiné ;
D’où partent ces sanglots dans l’horreur des ténèbres,
Et ces gémissemens sous ces voûtes funèbres ?
Dis-moi quel est ton crime et quels sont tes forfaits ?
« J’avois toujours compté mes jours par mes bienfaits ;
Ami, consolateur de la nature humaine,
Je mettois mon bonheur à soulager la peine,
Et le consolateur, l’ami de l’univers,
Gémît dans ce moment sous le poids de ses fers,
Des maux que j’ai guéri par ma vaste science,
De mes nobles travaux voilà la récompense.
François ! peuple d’ingrats ! malheureuse cité !
Je consacrois mes jours à ta félicité,
Ô Paris inhumain ! fatale Trébizonde !
Tu vas donc immoler le grand ami du monde :
Hélas ! il chériroit son déplorable sort,
S’il faisoit ton bonheur en recevant la mort :
Frappe, à ta cruauté, ton ami t’abandonne ;
Sous tes coups expirant ton ami te pardonne. »