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Page:Desnoiresterres - Voltaire à Cirey.djvu/141

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IV

LES NIÈCES DE VOLTAIRE. — LA MALCRAIS-MAILLARD.
UN COMPLOT SCIENTIFIQUE. — LE PRÉSERVATIF.

Quelque place que la marquise occupât dans le cœur du poëte, il y en avait encore une assez large pour sa famille, pour les filles de sa sœur, qui venaient de perdre leur père. Voltaire voudrait les voir et les avoir près de lui, surtout l’aînée, celle qui sera bientôt madame Denis. Il a pour cette dernière des préférences paternelles ; elle est aimable, elle a l’esprit orné ; comme sa mère[1], elle est musicienne, c’est une élève de Rameau[2]. Il se chargera d’autant plus volontiers de l’établir qu’il a ou croit avoir le fait de mademoiselle Mignot : c’est le fils de madame de Champbonin qui, elle aussi, serait ravie d’une telle alliance. Il y a dans ces projets une petite arrière-pensée personnelle très-concevable et qui s’accommode parfaitement avec l’affection la plus réelle : en la mariant au fils Champbonin, il la fixait près de lui

  1. Inventaire de M. Arouet, janvier 1724, cote 69. Il y est fait mention de quittances de sommes payées « pour maistres de clavecin de ladite de Mignot, sa fille. » La dernière de ces quittances est en date du 5 septembre 1708.
  2. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. LII, p. 549. Lettre de Voltaire à Thiériot ; à Cirey, le 3 novembre 1737.