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Page:Desnoiresterres - Voltaire à Cirey.djvu/277

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VII

VOLTAIRE ET PIRON À LA HAYE. — LETTRES DE FLEURY MOYLAN ET REMUSBERG. — RETOUR À BRUXELLES.

Bruxelles n’eût pas été le point du globe que Voltaire eût choisi volontairement. À part cette piraterie intellectuelle des libraires belges, les arts et les belles-lettres y étaient fort peu en honneur, et c’était bien plus l’homme d’esprit et l’homme du monde qu’on y fêtait que le poëte. En somme, tous les lieux étaient bons où se trouvait Émilie, et il était résigné à rester dans les Flandres autant que durerait ce triste procès. Les livres lui manquant, il avait interrompu son histoire du Siècle de Louis XIV, et passait les heures que les relations sociales et les affaires de la marquise ne lui dérobaient pas, à remanier, à refondre Zulime, Mahomet, l’opéra de Pandore, et la petite comédie du Dépositaire, qu’il appelle sa Dévote. Sa correspondance avec le prince royal ne laissait pas de lui donner de l’occupation. Frédéric était alors dans toute la ferveur d’une amitié que le temps modifiera comme toutes choses ; il avait comploté une édition splendide de la Henriade précédée d’une préface de sa façon, grand dessein qui devait toutefois demeurer à l’état de projet.