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Page:Desnoiresterres - Voltaire et J.-J. Rousseau.djvu/11

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VOLTAIRE
ET J.-J. ROUSSEAU

I

TANCRÈDE ET MADAME DE POMPADOUR. — MADEMOISELLE CORNEILLE À FERNEY. — LE CURÉ DE MOENS.

Après avoir applaudi à cette verve unique, à ces satires, à ces exécutions impitoyables dont l’adversaire ne se relève point, on éprouve le besoin de se détourner un moment de ces victoires presque aussi chagrinantes pour le vainqueur que pour le vaincu, et de reposer les yeux sur des tableaux plus souriants. Tancrède ne pouvait donc venir plus à propos, après ce débordement de fiel et de haine, et le succès de larmes qu’il allait obtenir n’était pas de trop pour contrebalancer le succès malsain de l’Écossaise. Commencé le 22 avril 1759, Tancrède était achevé dès le 8 mai ; il avait fallu à son auteur moins d’un mois pour en combiner, en disposer les scènes, écrire ces cinq actes tout débordants d’amour et de flammes, qui seront le dernier triomphe tragique de ce poëte bien vieux déjà pour ces œuvres du démon, comme lui-même les appelle. Mais ce n’était qu’un premier jet.