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squireuse et du volume d’un gros marron d’Inde. Elle étoit appuyée du côté externe sur la tubérosité ou face zigomatique de l’os maxillaire où étoit peu adhérente l’intérieur de cette tumeur avoit la couleur d’un blanc argentin, excepté par le côté qui répondoit à la fente sphénoïdale, où elle étoit en partie dissoute et singulièrement affectée du contact de l’humeur corrompue que je vis très distinctement avoir pénétré en dehors, en suivant le trajet des vaisseaux par la dite fente sphénoïdale. Cette tumeur étoit encore marquée dans son centre par une ligne noirâtre, qui le traversoit dans son plus grand diamètre et que je ne saurois mieux comparer qu’à la substance ligneuse de certaines plantes tombées en vétusté. En suivant toujours la progression de la pourriture puriforme, je me suis convaincu qu’elle s’étendoit sans interruption depuis la base du crâne où j’ai indiqué l’origine du foyer principal par la fente sphénoïdale et successivement par le côté interne de la tumeur glandulo-graisseuse, dont je viens de passer et enfin jusqu’aux arrières narines côtoyant la face interne de l’apophise ptérigoïde de l’os sphénoïde et la tubérosité la plus postérieure de l’os maxillaire du même côté ; de manière que la membrane pituitaire qui tapisse les sinus sphénoïdaux, les anfractuosités ethmoïdales, toute la partie supérieure du pharinx, le cornet inférieur du nez et finalement toute la fosse nazale droite jusqu’à l’endroit où le polype avoit pris naissance : toute cette étendue de membranes, dis-je, étoit plus épaisse, relâchée, comme boursoufflée, fougueuse, ulcérée en plusieurs points et absolument dénaturée. L’altération ne se bornoit pas aux parties molles. L’os ethmoïde, spongieux de sa nature, étoit ramolli, carié en plusieurs endroits, ainsi que le cornet inférieur du nez sans même en excepter l’apophise en branche ascendante de l’os maxillaire. Ces différentes parties étoient tellement viciées, que je n’aurois pu reconnoître les traces du pédicule à base large du polype, que j’avois extirpé, si je n’avois sçu le lieu où il étoit implanté. Il y a cette différence pourtant, que la place de son insertion étoit moins lésée, puisqu’elle étoit déjà recouverte de bourgeons chornus assés rougeâtres, tandis que plus profondément l’aspect des chairs membraneuses présentoit la couleur d’un gris de fer. Bref, il étoit aisé d’apercevoir une progression successive et non interrompue de désorganisation depuis le foyer putride de la base du crâne et notamment depuis la carie qui affectoit les environs de la fente sphénoïdale, jusqu’à l’endroit où le polype avoit pris naissance.