Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) III - Cleonice. Dernières Amours.djvu/20

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  CLEONICE,  



STANSES.


Soit que mon haut desir trop pront et trop ard : mt
M’offusque les esprits et les aille bandant,
Suit que devant mes yeux sans cesse elle revienne,
Soit.que sa belle veuë ensorcelle la Inienne,
Ou bien soit que plustost le ciel, qui l’aime tant.
Aille avecque les ans ses beautez augmentant,
Ou soit que de mes pleurs elle se face belle,
Je luy trouve tousjours quelque beauté nou\"ellp.

Soit que son jeune cœur ne puisse estre adoucy,
~oit qu’aux pleurs et aux cris il devienne endure ! ,
Soit "qu’elle n’ait pitié d’un tourment qu’elle ignore,
Ou soit que comme femme elle hayt qui l’adore,
011 soit que mOIl penser lui semble audacieux,
Soit qu’elle v.euille voir comment brûlent ses yeux,
Ou qu’elle soit d’amour l’ennelnie immortelle,
Autant qu’elle est parfait~ autant elle est rebelle.

Soit que d’un feu si beau j’aime à me consumer,
Soit que le tans m’ait fait aux maux accoutumer,
Soit que mon entreprise assez me recompanse,
Soit que l’esprit s’obstine en trouvant resistance,
Soit que le cours du ciel m’ait donné cptte.loy,
Soit que mon mal s’oublie alon que je la voy,
Soit que tant de beaotez ne la monstrent cruelle,
Plus elle est inhumaine et plus je suis fldelle.

Le feu de ses beaux yeux par les ans s’esteindra ;
Peut-estre apres ma mort doucp elle deviendra ;