Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) III - Cleonice. Dernières Amours.djvu/42

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  CLEONICE,  



LX.


Vers, engeance maudite, ingrate à vOItre maistl’fl,
Qui serviez.d’atroler mon esprit langoureux,
Et qui par vostre son, plus -ou moins douloureux,
Faisiez de mon estat la fortune connoistre ;

Puis que des ceps d’Amour la raison me dépestre,
Et le pouvoir tyran d’un œil trop rigoureux,.
Vous serez la victime, ô mes vers malheureux !
Pour oftrir au démon, qui libre Ine Cait estre.

Amour, au lieu du cœur qui t’estoit immolé,
Ti4 ! D, brûle ces papiers ; tu l’as assez brûlé !
Passe ic} ton courroux, je t’offre ame pour ame.

III sont enfans du cœur, respirans et vivans,
Et ne font qu’estonner tes fidelles servans,
Se plaignant sans cesser des rigueurs de ta flame.


LXI.


Puis que tous les malheurs sont pour moy destinez,
Puis qu’avec le desdain ma constance est forçée,
Puisque ma foy se voit d’oubly recompensée,
Et mes yeux pour jamais à pleurer condamnez,

Je te sacrç, Ô Vulcan 1 ces vers infortunez,
Ceste main malheureuse et ceste ame insenstip..
Vange-moy de mOY-Mesme, et ta flamme élançé,
Fasse que pronlement ils soient extenninez.

liais je me doute fort que ces vers et ceste ame,
Accoustumez au feu, ne craignent point ta Dame,
Et que tous tes efforts n’y profitent de rien.

Brûle sans plus les vers et la main malheureuse,
Dieu Vulcau, si tu peux ; quant à rame amoureuse,
Laisses en faire Amour, il la brûlera bien.