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  DERNIÈRES AMOURS. 143



LXXVI.


Cherc et chaste deesse, houneur de ces bas lieux,
Orient de mon ame, astre d~ ma peDlée,
Pourquoy tant de saisons tenez-vous éclipsée
~ur mon 8eul horizon la clairté de "os yeux !

Quel hOlTible peché me fait ba]r des cieux !
Qu’ay-je fait, qu’ay-je dit pour vous rendre offen ! liée !
Ah 1s’il m’estoit permis, j’ai l’ame si pressée,
Que je maudirois tout,. et deesses et dieux.

Apres m’avoir purgé de toute amow’ volage,
."pres avoir marqué mon cœur de vostre imag~,
Comme estant trop à "ous, vous J’avez rejeUé.

Fut-il ODe dans le ciel deité si cruelle,
Qui peut avoir en haine un cœur n’adorant qu’elle
[t mespriser le t(’mple Qù son nom est chauté !


LXXVII.


o foy ! qui dans mon ame as choisi ta reh’aitte,
Ne trouvant autre part nul sejour asseuré
En ce siecle infidelle, où le monde égaré
Avec rage et Inespl’is t’otfence et te rejette ;

Si durant que le ciel plus rudement me traitte,
Et quand je pers le bien par merite esperé,
)Ion esprit de constance est plus fort rernparé
Et rend â sa vertu la fortune sujette,

Deesse, en ma raveur, veille soigneusement
A conserver ma flamme amant incessamment !
.’ : .1)’ qu’elle s’entretienne et ne soit consommt.~ ;

Car, quand le feu d’amour dedans moy s’esteind..a,
la lie au Mesme instant tout à coup defaudra :
Dans (’,e tison fatAl ma Parqllt’ ~st enfermée.