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  D’HIPPOLYTE. 89


Ayant pour mon hyver vostre rigueur contraire.

Passant le Chèvre-corne et l’enfant de Phrygie,
S’il va d’un Mesme cours les Poissons traverser,
Quel tropique assez froid lors pourray-je passer,
Amour, pour rendre en moy ta chaleur amortif’!

Durant ces mois derniers que la terre est gelée,
Portant neige et frimats au lieu de belles fleurs,
Les vens par leurs soupirs, et le ciel par ses pleurs
Regrettent la richesse au printemps estalée.

Et moy, versant des yeux une éternelle pluye,
Et laschant maint soupir par les vens emporté,
Je me plains, ne voyant la divine beauté,
Qui, comme un doux printemps, faisoit fleurir ma vie.

Autour du Zodiac le soleil se promeine,
Tousjours en mouvement legerement dispos,
Madame, autour de vous, je tourne sans repos,
Et du point de sa fin recommence ma peine.


ELEGIE.


Ayez le coeur d’un tygre ou d’une ourse cruelle,
Soyez, s’il se peut faire, aussi fiere que belle,
Riez de tant de pleurs sans profit respandus
El des pas qu’apres vous si souvent j’ay perdus;
Que vos yeux, dont les traits ma jeunesse ont desfaite,
Se dédaignent de voir la prise qu’ils ont faite,
Comme basse conqueste, et ne meritant pas
Que si brave guerriere en doive faire cas;
Envenimez ma playe, et durez inhumaine.
Avec tant de rigueurs, c’est perdre vostre peine,
De penser qu’à la fin mon coeur, d’ennui lassé,