Page:Desportes - Premières œuvres (éd. 1600) II - Les Amours d'Hippolyte.djvu/52

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  AMOURS  



L.


Bien souvent Hippolyte, à grand tort courroucée,
Arme son coeur de glace, et d'éclairs ses regards,
Preste â lascher sur mOJ tant de feux et de dards,
Que la mort pour me prendre a laJlI)~in avane~.e.

Mais, voyant de frayeur mon auaaee abaissée,
lia force évanouye et mes ~ns tous espars,
EUe qui fait trophée et d'Amour et de Mars,
Dédaigne une deipoüille à ses pieds renversée.

Elle appaise son ire et rend l'un de ses yeux
Aussi doux et serein que l'autre est furieux,
Faisant luire une paix au travers de ma guerre.

Poissé-je un jour au ciel ce miracle envoyant,
Apprendre à Juppiter le grand Dieu du tonnerre,
Comme il peut estre doux mesme en nous fondro)"ant.


LI.


L'eau tombant d'lm lieu haut goute â goute a puissancp
Contre les marbres durs, cavez flnablement;
Et le sang du lion force le diamant,
Bien qu'il f3~ fa l'pnclume et au (PH rpsistance.

La flamme retenüe enftn par vioJance
BriBe la pierre vive, et rompt l'empeschementi
Les aquilons mutins, soumans horriblement,
Tombent le chesne vieux, qui fait plus de deffance.

Mais moy, maudit Amour, nuid et jour soupirant,
Et de mes yeux meurtris tant de larmes tirant,
Tant de sang de ma playe, et de feux de mon aDJ.e;

Je ne puis amollir une dure beauté,
Qui, lasl tout au contraire accroist sa cruauté
Par mes pleurs, par mon sang, mes soupin et J!la f1am~.