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  D’HIPPOLYTE. 109



LXXXII.


Amour. choisis mon coeur pour bulle à tous t~s traits,
Et basUs ta fournaise en ma chaude poitrine,
J'estimera, Iou~ours ta cruauté benine.
Ton deuil contentement, et ta guerre une paix.

J'ay veu tint de dartez, de tbresors et d'attraits.
D'un oeil doux; d'un beau front. d'une gorge ,voirine.
Et 1()tlSt6 la douceur d'une voix si divine.
Que j'oublie' boB droit les maux que tu m'as fûts.

o..'el.tes bea.tu. si pleiaes de merveilles,
o propos, qui SOflDez tousjours à mes oreilles,
Que vous ln'avez tué d'une douce rigueur!

Que vous avez jetté de soulfre sur ma fiame,
Que vous m'avez laissé d'aiguillons dedans rame.
De pensers en .l'esprit et d'amours dans le coeur!


LXXXIII.


Langue luuelte, à mon secours tal"dh'e,
Que m'a servi tant d'heur que j'ay re\~u
De voir ma dame! aussi bien tu n'as sçeu
Dire le mal qui de repos me prive.

Propos brûlans, voix dolente et plaintive,
Vostre faveur à ce coup m'a deçeu:
Car un seul mot hors de moy n'est issu
Propre à mODstrer combien ma pE'ine est vi ve.

• ais qui ne fut autant que vans surpris!
L'estonnement gela tous mes espris i.
Je devins sourd, sans pouls et saDS halaiDe.

Un voile obscur sur mes yeux s'estendit,
Le coeur me cheut, tout mon sang se-perdit,
Et ne restay qu'une painture vaine.