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  D’HIPPOLYTE. 111


Amans, pardonnez-moy, disoit-il en mourant,
Je n'eusse jamais creu ma flamme estre si forte;
Au moins que mon trespas vos ennuis reconfol1e,
Je meurs du mesme feu qui vous va devonnt.


CHANSON.


Tant que j'ay eu du sang, des soupirs et des larmes,
J"ay payé le tribut à 'Yostre cruauté,
ESJterant follement par ma fidelité
De vos cruelles mains faire tomber les annes.

Je n'ay plus cet espoir, mais j'ay bien connoissance
Que pour plus m'atroiblir vous In'alliez outrageant,
Je nai qu'un fier tyran ses sujets va chargeant,
Pour les defJaire apres avec moins de deffanse.

Eh bien, je mourra, donc: et la fin de ma vie
Sera fin de mon mal et de vostre desir.
Je mourra! bien contant de vous faire plaisir,
Mais rasché que de moy ne serez plus servie.

C'est. de ee seul regret que la pointe m'entame,
Et qui fait que je meurs trist& et desesperé,
Avec cet autre soin dont je suis martyré,
Sçavoir apres ma mort que deviendre mon une.

Sa constanc~ et sa foy, sa dépoüille meurtrie,
Son martyre enduré la doit faire sauver;
Mais je crains d'autre part de la voir reprouver,
Et damner à bon droit pour son idolatrie.

Car en vous seulement elle avoit 88 fiance,
Au plus fort des tourmens vostre Dom reclamoit,